Les écoles de commerce françaises sont parmi les formations au management de niveau « master » les plus appréciées. Les 3 premières, HEC, ESSEC et ESCP Europe, sont dans les 6 meilleures au monde selon le classement du Financial Times qui fait référence, et de nombreuses écoles françaises sont bien placées dans le Top 50.

Mais est-ce si rentable que celà de faire une business school en 2021 ?

 

Analyse « investissement – retour sur investissement »

L’investissement : ne retenons que les frais de scolarité (le logement, les frais de bouches, etc… adviennent quelles que soient les études). A HEC, les frais de scolarité des 3 années tutoient les 50 000 €. Il faudra y ajouter des frais induits comme le coût d’une année d’études à l’étranger. Ailleurs, difficile d’étudier à moins 30 000 € les 3 années de scolarité en école de commerce.

Ce sont les familles qui, en majorité, supportent ces frais élevés, qu’il faut considérer comme un investissement sur l’avenir. Les banques ne posent pas de difficulté pour accorder des prêts étudiants aux élèves des formations les plus réputées et environ 20 % des élèves des business school sont boursiers.

Le ROI ; la promesse des écoles de commerce repose sur 3 notions : le salaire à la sortie, la carrière et l’assurance-emploi.

  • le salaire : selon le Financial Times, le salaire moyen de sortie à HEC est de 107 K$ annuels, 78 K$ à l’EM Lyon, 64 K$ à Rennes SB : par conséquent, les salaires élevés, dès la sortie, justifient à eux seuls les coûts de la scolarité. Encore faut-il que l’écart de salaire avec une formation équivalente et quasi gratuite compense les frais de scolarité.
  • la carrière : le diplôme est un gage de progression. Après vingt années de carrière, un cadre continue à présenter ses qualités en commençant par « diplômé de… ».
  • l’assurance-emploi : rapidité d’accès au premier emploi, reconnaissance du diplôme, réseau, rapidité du retour à l’emploi en cas d’accident… tous ces éléments, s’ils ne garantissent rien, favorisent néanmoins une carrière rentable et remplie.

Ces éléments justifient à eux seuls la rentabilité d’une scolarité dans une bonne business school française. En revanche, la comparaison avec d’autres formations en management n’est pas forcément flatteuse.

 

La concurrence

Le questionnement sur la rentabilité des écoles de commerce vient de la concurrence. La vraie question est de savoir s’il n’y a pas de formation plus rentable, et la réponde nuance la première analyse pour différentes raisons.

La rentabilité incomparable des études à l’Université

Une formation de niveau Master 2 à l’Université ne coûte que quelques centaines d’euros par an. Le retour sur investissement est donc beaucoup plus rapide pour les universitaires, qui par contre, ne bénéficient pas autant de l’attractivité du diplôme ou du réseau. Et encore : Sciences Po Paris et Paris-Dauphine, deux universités à statut dérogatoire, mais aux frais de scolarité « universitaires », n’ont rien à envier aux meilleurs écoles. Etudier dans un IEP (Institut d’Etudes Politiques) ou un IAE (Institut d’Administration des Entreprises) s’avère bien souvent être très rentable. Là aussi, les frais de scolarité sont au tarif universitaire. Mieux encore : le Financial Times positionne l’IAE d’Aix – Marseille à la 42ème place de son classement mondial avec un salaire en sortie de 62 K$. tout-à-fait comparable aux meilleurs écoles.

Que valent les écoles de bas de tableau ?

Autant la rentabilité des études dans une école de haut du tableau est avérée, autant les écoles de bas de tableau peinent à justifier leurs frais de scolarité. Entre des formations aux parcours chaotiques, comme l’ISG, ou des formations dont l’aura ne dépasse pas les limites de leurs régions respectives, comme Brest BS ou ESC Clermont, la rentabilité de telles formations n’est pas systématique quand on les compare à la concurrence universitaire. Et encore, c’est sans parler des formations qui n’ont de business que le business plan de leurs propriétaires.

Les études à l’étranger

Pour intégrer les meilleures écoles de commerce françaises, par le concours des classes préparatoires ou par la sélection après un diplôme Bac + 2, il faut être un excellent élève. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Les moins bons peuvent se rabattre sur des écoles de moindre rang, ou s’inscrire à l’Université. L’alternative rentable, c’est de faire des études à l’étranger, dans les pays où les frais de scolarité à l’Université sont comparables à ceux pratiqués en France. Obtenir un Master et parler couramment une langue étrangère, avec une ouverture internationale, sera un plus, au moins une différence appréciable.

Le double jeu de la marque – diplôme

Au fond, quand après vingt-cinq ans de carrière, un cadre supérieur se présente toujours par son nom, son prénom et son diplôme, on se dit que coûte que coûte, il faut mettre cette marque-diplôme sur son CV. Les écoles en ont elle-même abusé en étirant les programmes, du Bachelor (Bac + 3) au post-Doc, voire en délivrant des certificats dument estampillés, mais sans valeur de diplôme. Si on a raté la première voie pour faire HEC ou l’EM Lyon (le parcours « grande école »), il existe bien d’autres moyens de mettre une marque de formation supérieure forte sur son CV, et de façon très rentable. Comme faire une formation initiale à la fac, puis un executive MBA estampillé « école de commerce ». Pas sûr que tous les recruteurs fassent la différence.

 

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