L’histoire accablante de Ronald Wayne, fondateur d’Apple
Ronald Wayne a 41 ans, en 1976, quand il s’associe à deux gamins de 20 ans, Steve Jobs et Stephen Wozniak, pour créer Apple. Wayne possède 10 % de la marque à la pomme. Il ne les conservera que 12 jours. Une douzaine de nuits blanches ont passé et les deux jeunes acceptent de reprendre les 10 % de Wayne pour 800 $, auxquels ils ajouteront 1 500 $ un peu plus tard, pour que Wayne, dessinateur industriel de métier et inventeur du dessin de Newton – et sa fameuse pomme ! – qui figurait sur le manuel technique de l’Apple 1, renonce à tous ses droits sur la marque. Les raisons ? Wayne a expliqué qu’il avait compris que le lancement d’Apple serait très risqué, et qu’en cas d’échec, plus âgé que ses deux associés, il serait le seul solvable du trio vers qui les créanciers se tourneraient.
Quatre ans plus tard, lors de son introduction en bourse, Apple fait de ses 300 premiers collaborateurs des millionnaires. Quatre ans seulement ! Aujourd’hui, 10% de la capitalisation boursière d’Apple valent 200 milliards de dollars (mars 2021). Wayne les a bradé pour 2 300 $, avec le dessin de la marque en prime.
Pourquoi faut-il s’inspirer de l’exemple de Wayne ?
L’histoire retient la formidable réussite de Steve Jobs (Wozniak est moins connu). Il y a autant de Steve Jobs sur Terre que de gagnants du gros lot au tirage du Loto.
L’histoire de Wayne, elle, est riche d’enseignements. Ce n’est pas seulement par son occasion manquée que Ronald Wayne s’est trompé. Son exemple devrait inspirer ceux qui commettent les mêmes erreurs à leur dépend.
Première erreur : investir dans un projet qui n’est pas aligné avec sa situation. Wayne savait, avant d’investir dans Apple, que son patrimoine serait saisi en cas de faillite et il savait qu’Apple risquait beaucoup plus la faillite que le succès.
Seconde erreur : Wayne n’a pas cloisonné son patrimoine. En investissant dans une start up, il a pris un risque qui exposait tout son patrimoine. Il n’avait pas cloisonné ses avoirs, au préalable, ni sanctuarisé ce qu’il possédait déjà.
Troisième erreur : Wayne n’a pas lissé ses risques en mettant en place un portefeuille. Il n’avait que ses actions Apple et sa maison. Quand on investit dans un placement à risque, on lisse le risque en diversifiant les placements et on équilibre avec des placements moins risqués.
Quatrième erreur : l’agenda d’Apple et celui de Wayne n’était pas synchronisés. Wayne avait 41 ans, des avoirs d’un côté et des dettes à rembourser. Il n’avait pas envie de tout perdre après 20 années de travail. Jobs et Woznicack n’avaient rien : ils pouvaient risquer de tout perdre.
Cinquième erreur : Wayne n’a pas été en phase avec le calendrier de son investissement. Investir dans une start up, c’est risquer la faillite plus de neuf fois sur dix. Mais c’est aussi une opportunité de faire une belle culbute. Il y a deux conditions : en tant qu’actionnaire, il faut se donner les moyens de pouvoir tout perdre, un risque que Wayne ne pouvait prendre, et il faut pouvoir aller jusqu’au bout du projet, quelle que soit son issue, faillite ou succès.
Wayne avait le profil de l’investisseur patrimonial, qui construit son capital par son travail et son épargne. Ce n’était pas un joueur prêt à tout risquer. Avant d’investir dans un placement, il faut bien prendre conscience des enjeux de celui-ci. Un investissement doit être adapté à votre situation familiale et patrimoniale, et à vos objectifs de long terme. Pour développer un patrimoine millionnaire, il faut fixer un objectif, établir une stratégie de long terme et s’y tenir.
Manque de flair…
Au début des années 90, Wayne a vendu l’exemplaire de l’acte fondateur d’Apple, qu’il avait conservé. 500 $ dans sa poche. En 2011, ce document a été vendu aux enchères pour 1,6 million $. Wayne n’avait vraiment pas de flair…
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Crédit photo : DR