Il y a des professionnels du risque. Ils engagent des vies humaines. Ils sont chirurgiens, pilotes de ligne, alpinistes… Regardons comment ils gèrent ces prises de risques. Ils y répondent par une solide formation, des routines récitées comme à l’école (le « scalpel, pinces, compresse » du chirurgien, ou le « moteurs, volets, frein » du commandant de bord), et une aversion complète au risque. En haute montagne, un guide ne garantit pas le risque zéro, mais il n’engage pas sa cordée s’il estime que le risque est excessif : la sortie en montagne est réussie si tout le monde rentre sain et sauf.

Même chose avec les chefs d’entreprises : ils sont supposés être les professionnels de la prise de risques. En réalité, un chef d’entreprise a des projets, certes, mais quand il s’engage, il sécurise son projet en minimisant les risques par des études, des prototypes, des garanties… en compartimentant ses activités, etc…

On ne prend pas de risques avec son patrimoine

En matière d’argent, vous entendez souvent cette affirmation : « pour s’enrichir, il faut prendre des risques ». D’ailleurs, les banquiers sont contraints par la réglementation de définir votre profil d’investisseur et votre rapport au risque : pas de risque du tout, un peu de risques avec votre capital, plus de risques avec votre capital… En fonction de votre réponse, il vous proposera des placements adaptés, avec ce postulat sous-jacent : si vous voulez espérer un meilleur rendement, il faut accepter de prendre des risques avec votre capital.

C’est faux.

Regardons maintenant les performances de ces portefeuilles boursiers présentés par un site d’informations financières :

Si « dynamique » veut dire « risqué » et « défensif » veut dire « pas de risque » : vous comprenez vite où est votre intérêt.

L’appréciation d’un conseiller financier sur le risque potentiel d’un placement ne porte que sur l’exposition du capital au risque, pas sur la rentabilité. La rentabilité, le conseiller financier est comme vous : il l’espère, mais il ne la maîtrise pas. Autrement dit, il vous prévient du risque encouru pour votre capital, mais pas du risque de gain. Hors la seule part de risque que vous devez accepter, c’est sur l’aléas de la rentabilité, pas sur le capital engagé.

On ne prend pas de risques avec son patrimoine : on maîtrise les risques, c’est différent

Si vous voulez faire mieux que les 0,5% du Livret A (la rémunération du risque zéro), vous serez amené à envisager des placements qui comportent des aléas. La bonne stratégie sera de maîtriser ces aléas.

Par exemple, si vous vous engagez dans l’investissement locatif, vous prendrez des garanties sur vos locataires et une assurance loyers impayés.

Si vous achetez des actions en bourse, vous répartirez votre portefeuille entre plusieurs titres, voire plusieurs places boursières et dans différentes monnaies (pour limiter les risques de change).

Si vous vous lancez dans les crypto-monnaies, aux cours ultra-volatiles, vous n’engagerez qu’une faible partie de vos avoirs.

Si vous créez une entreprise, vous choisirez un statut de société qui n’expose pas votre patrimoine personnel.

D’une manière générale, vous diversifierez vos placements et répartirez vos risques. Si un placement a de très bonnes performances, il dynamisera l’ensemble de votre patrimoine. S’il s’écroule, votre risque sera limité.

La prochaine fois qu’on vous dira qu’il faut prendre des risques avec votre argent, évitez celui qui formulera cette contre-vérité.

Avec son argent, on ne prend pas de risques : on fait des choix maîtrisés et on sécurise.

 

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