En quelques années, le modèle de la location en courte durée (LCD) s’est imposé comme l’eldorado des investisseurs locatifs. Propulsé par le développement du tourisme et des déplacements professionnels et promu par des plateformes internet (AirBnB, Booking, Abritel…), les investisseurs y ont vu l’opportunité de multiplier par deux ou trois leurs revenus locatifs. Un phénomène de masse a profondément fait muté le parc immobilier au point que des villes comme Paris ont pris des mesures pour tenter d’en limiter l’impact.

 

Et puis l’accident : la Covid-19

La Covid-19 a redistribué les cartes brutalement. Confinement, limitation des déplacements, effondrement du tourisme mondial, quasi fermeture des frontières : le paradis est devenu un enfer pour les investisseurs en LCD. Plus de touristes, plus de locataires, plus de revenus, et souvent, des remboursements d’emprunts qui continuent à tomber tous les mois.

Résultat : en quelques mois, bon nombre de bailleurs ont fait basculer leurs locations de « courte durée » à « longue durée », entrant en concurrence avec trois conséquences, mesurées par Se Loger. Dans un certains nombre de villes :

  • il y a désormais plus de locations meublées proposées en longue durée que de locations nues : Paris, Bordeaux, Saint-Denis…
  • l’afflux de biens disponibles entraine une baisse des prix des locations meublées : -11 % à Rennes, – 10 % à Nantes, -14 % à Paris 4ème arrondissement ;
  • les loyers demandés en location meublée deviennent inférieurs à ceux des locations vides : Nantes, Rennes, Brest, Boulogne-Billancourt, Montreuil…

Quelles conséquences ?

A court terme, et avant que la situation sanitaire ne revienne à la normale avec la reprise du tourisme, désormais attendue pas avant 2022, le marché de la location se trouve bousculé en profondeur :

  • l’effondrement des LCD entraine une baisse générale des loyers ;
  • le modèle de l’investissement locatif rentable est affecté pour plusieurs années ;
  • les mises en vente de logements vont augmenter, impactant à la baisse le prix de l’ancien.

 

Et aussi des gagnants

Il faut garder à l’esprit que cette période d’ajustement, extrêmement rapide (moins de 6 mois) et violente, n’est que momentanée. Dès que le tourisme repartira, la LCD reviendra en vogue. Il y a des perdants, et il y aura aussi trois types de gagnants :

  • les propriétaires, qui auront maintenu leurs biens disponibles en location courte durée, moins nombreux qu’avant la crise, vivront une moindre concurrence : prix en hausse et moindre vacance locative ;
  • les locataires en longue durée vont bénéficier de loyers moins élevés, voire de logements équipés moins chers que des logements nus ;
  • les investisseurs solvables vont bénéficier d’opportunités d’acquisition plus nombreuses et moins chères.

Comme toujours, les crises font des perdants et des gagnants.

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