Le salaire de vos peurs
Combien vous coute vos peurs ? Beaucoup plus que vous ne l’imaginez. Faisons un premier inventaire des dépenses que vous effectuez, pas forcément obligatoires, et qui entament sérieusement votre budget.
Les assurances non obligatoires
Les assurances sont là pour vous protéger. Elles sont parfois obligatoires (pour le logement, les véhicules…), parfois facultatives. C’est dans cette seconde catégorie que se niche le business de vos peurs des assureurs.
Par exemple, dès que vous réservez un voyage, le transporteur vous propose une assurance optionnelle en cas d’annulation ou de modification à votre initiative : de l’ordre de 6 € pour un billet de train à 150 €. Sincèrement, combien de fois dans votre vie avez-vous annulé un voyage prévu et organisé ? Et encore, la plupart de vos réservations comprenaient sans doute déjà ce type de couverture.
Autre exemple : votre assureur vous a sans doute déjà proposé une « garantie protection juridique » avec un tarif mensuel autour de 5 €, soit 3 600 € pour 60 années de cotisation (votre espérance de vie à partir de vos vingt ans), jusqu’à 15 € par mois pour une « protection étendue », 10 800 € pour une vie. La question est : combien de procès couverts par ce type de protection aurez-vous dans votre vie ? Mieux vaut sans doute gérer les situations au cas par cas, si jamais elles de produisent.
Les assurances en doublon
Les assureurs ont un savoir-faire très développé pour vous faire souscrire des contrats en doublon. Vous souscrivez un nouveau contrat, en général associé à une autre dépense, sans réaliser que vous êtes déjà couvert.
C’est le cas des assurances scolaires. Tous les parents connaissent la pression de la rentrée des assureurs spécialisés qui mettent à contribution les enseignants pour placer leurs contrats : de l’ordre de 40 à 50 € par an. Or, votre assurance responsabilité civile ou votre mutuelle couvre déjà les risques encourus (bris de lunettes, risques corporels…). Consultez votre assureur qui, au mieux, vous expliquera que vous êtes déjà couvert, au pire, vous proposera une extension de garantie pour quelques euros.
Autre grand classique de la double couverture : l’assurance « ski ». Vous avez fait la queue à la cabine qui vend les forfaits, vous venez de voir passer des sauveteurs ramenant une personne blessée et la caissière vous propose la fameuse assurance – ski à 40 €, « parce qu’un sauvetage en hélicoptère, ça coute cher ». Vous êtes une famille de 5 : on a une belle offre « famille » à 100 €. Et vous réglez avec votre carte « gold » qui comprend une assurance qui vous couvre déjà pour ce type de risque. Au passage, cette fameuse carte de paiement vous couvre en général pour l’annulation de vos voyages…
Même remarque concernant les « extensions de garanties » souscrites à la va vite à la caisse du magasin : votre assurance vous couvre probablement déjà.
Avant de souscrire un nouveau contrat d’assurance, vérifiez d’abord si vous n’êtes pas déjà couvert par vos précédentes souscriptions.
Les mutuelles
Lisez cet article et découvrez comment économiser le prix d’une mutuelle vous évite une dépense annuelle de 500 à 1 000 €. Pourtant, le discours courant c’est qu’il faut « avoir une mutuelle » et même « une bonne mutuelle ». Si vous êtes jeune et bien portant ou si vous êtes déjà pris en charge à 100 % par la Sécurité Sociale, vous pouvez vous passer de cette dépense. A quoi bon débourser plusieurs centaines d’euros par an pour vous faire rembourser une seule consultation médicale annuelle à 25 € ? Quant aux dépenses classiques et coûteuses (optique, dentaire…) elles ne sont que très mal remboursées par les mutuelles : mieux vaut épargner la somme correspondante et faire fructifier le capital, quitte à en utiliser une partie en cas de besoin. Sur vingt ans (disons de vos 20 à 40 ans), votre économie peut-être de 10 000 € à 20 000 € ! Pour les très grosses dépenses de santé (maladie, accident), c’est la Sécurité Sociale qui couvre les frais et aux urgences, en France, on vous demande votre Carte Vitale, pas votre Carte Bleue.
Les alarmes
Il y a 500 000 cambriolages ou tentatives de cambriolages par an en France, pour 37 millions de logement (1,3 %). Statistiquement, vous avez une probabilité non négligeable d’être cambriolé au moins une fois dans votre vie. Les vendeurs d’alarmes vous proposent leurs services : de l’ordre de 50 € d’abonnement par mois, sans compter l’installation initiale. Pour 60 années de logement, il vous en coûtera donc 36 000 €. Pour ce beau montant, quelle protection avez-vous ? Une sirène qui hurle, un service de sécurité qui arrive sur place… Et de toute façon, c’est votre assurance habitation qui vous couvrira pour les dégâts et les vols.
La réalité du calcul à faire, c’est que la très grande majorité des cambriolages ne durent que quelques minutes, alarme ou pas, et que les cambrioleurs avertis vont se concentrer sur ce qu’ils peuvent emmener facilement : bijoux, argent liquide… On se rassure en se disant que sans l’alarme, « ils auraient emmené beaucoup plus ». Sur un plan strictement économique, mieux vaut mettre vos valeurs au coffre dans une banque (accessible autour de 100 € par an).
Les abonnements et les packages
Les formules d’abonnements sont des pièges redoutables. Elles rassurent d’un côté, mais comprennent souvent des services qui font doublons avec de précédentes souscriptions. On trouve par exemple des bouquets de services en ligne qui comprennent des abonnements à des magazines auxquels vous êtes déjà abonné. Ou votre offre de téléphonie + internet + TV comprend un service de téléphonie mobile alors que vous avez déjà souscrit un autre abonnement ailleurs.
Les « packages » de services vous font très souvent payer en double ce que vous avez déjà souscrit : vérifiez bien ce qu’ils contiennent avant de cliquer ou de signer.
Les placements « sans risque »
Autre coût de vos peurs, non négligeable : celui de votre aversion au risque. Au moment de vous proposer un placement, votre intermédiaire financier est tenu de vous faire préciser votre degré de tolérance au risque. Personne n’aime prendre de risque avec son agent, et il est fort probable que vous ayez coché la case « zéro risque » qui vous cantonnera à des placements sécurisés, mais pas forcément rentables. Alors qu’investir en bourse à long terme sur des grosses valeurs ne vous paraissait peut-être pas si risqué que ça. Mais cette simple catégorisation initiale vous a engagé tout le temps de votre relation avec votre intermédiaire financier qui lui, ne prendra aucun risque que vous pourriez lui reprocher. Rater ne serait-ce qu’un pourcent de rentabilité annuelle sur un placement de 10 000 €, c’est perdre 100 € par an. Tous les ans.
Vos peurs vous coûtent très cher, et même une petite fortune à l’échelle de votre vie.
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