L’argent qui dort rapporte
On dit des français qu’ils sont les champions de l’argent qui dort. Et la pandémie n’a fait que renforcer ce penchant : 150 milliards d’euros économisés et des avoirs qui ont atteint 500 milliards d’euros en 2021. A ce rythme, ce stock d’argent non rémunéré et avec une inflation à 2%, ce sont 10 milliards qui s’envoleront chaque année. Certains pensent à taxer l’argent inactif. Et en Allemagne, en Suisse ou au Danemark, des banques font payer des frais de l’ordre de 0,5 % pour des montants inactifs au-delà d’un certain seuil.
Il existe bien une méthode simple pour structurer son épargne en 3 compartiments justifiés Alors, pourquoi accepte-t-on collectivement de payer cette somme monstrueuse ?
Les produits d’épargne déjà souscrits et à peine moins coûteux
Le produit d’épargne sécurisé, c’est le Livret A. Rendement annuel 0,5% net d’impôts, garanti par l’Etat. Du fait de l’inflation, on continue de perdre de 1,5 % par an. Mais les montants sont plafonnés : 22 950 € par épargnant. Or, les français ont accumulé 467 milliards d’euros sur leurs Livrets A et LDDS : ils débordent, on ne peut plus rien y mettre.
A peine mieux rémunérés, les contrats d’assurance-vie des français débordent eux aussi : 2 100 milliards d’euros, on a fait le plein.
Les alternatives inadaptées
Plus risquée, avec la pandémie, la bourse attire de nouveaux épargnants, plus jeunes. Reste que selon l’AMF, 71 % des investisseurs ont déjà connu des pertes importantes en bourse et seulement 4 % des investisseurs sont prêts à investir dans des produits risqués avec un potentiel de gains importants et rapides malgré la possibilité d’une perte.
Toujours selon l’AMF, 9 clients sur 10 ont perdu de l’argent avec le trading sur les Forex et les CFD. Pas franchement encourageant.
L’argent ne dort pas pour l’économie
Les français laissent leur argent dormir, soit parce qu’ils redoutent le risque et se constituent une épargne de précaution, soit parce qu’ils ont fait le plein des placements sécurisés qui s’offrent à eux. L’argent qui dort conforte leur sommeil.
L’inflation qui ronge leur épargne a cependant une vertu : elle réduit leur dette, et notamment la dette contractée pour investir. (voir cet article).
Et l’argent des français ne dort pas pour tout le monde. Les banques le font tourner à plein régime, comme l’a rappelé le Directeur Général du Crédit Agricole devant la Commission des Finances du Sénat. C’est une manne pour l’économie, accessible à bon prix.
Or, s’il existe un mécanisme qui déclenche une augmentation du Smic quand l’inflation accélère, il manque un placement sûr qui compenserait l’inflation. Si ne pas perdre d’argent convient aux épargnants et finance l’économie avantageusement, c’est qu’il y a un manque.
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