L’histoire récente est émaillée d’escroqueries fracassantes. Mais comment reconnaître une escroquerie financière ? Les mécanismes sont toujours les mêmes et l’analyse des grandes affaires permet de classer les escrocs en 3 grandes catégories :

  • les usurpateurs
  • les traders fous
  • les pyramidaux

Les usurpateurs

Ils se font passer pour ce qu’ils ne sont pas : expert, investisseur, héritier, Président…

Thérèse Humbert inaugure ce bal des escrocs. Mariée au fils d’un ministre de la IIIème République, elle fit croire, durant vingt ans, être héritière d’un lourd patrimoine américain qu’elle gageât en garantie de prêts. 5 ans de travaux forcés.

Ivar Kreuger fonda une entreprise d’allumettes en 1917 sur laquelle il se construisit une réputation d’honorabilité. Rapidement florissante, la Kreuger & Toll fait néanmoins faillite en 1931. Les 250 millions de liquidités qui devaient se trouver dans ses caisses n’y étaient plus. Krach de la bourse de Stockholm.

Alexandre Stavisky arnaqua le Crédit Municipal de Bayonne de 200 millions de francs, jouant de sa prétendue honorabilité russe. Suicide en 1934.

En 2020, les dirigeants de Wirecard, fintech allemande côtée en bourse, doivent reconnaître que les 1,9 milliard d’euros qui devaient se trouver dans ses comptes, n’y sont pas. Les dirigeants ont embelli la présentation des comptes, la banque philippine qui devaient héberger les fonds n’existe pas, l’avocat philippin a disparu… Affaire en cours.

La fraude au Président a connu de multiples versions. Le mécanisme est toujours le même : coup de fil « personnel et secret » du Président à un agent ayant accès aux comptes, avec demande de virement « en toute discrétion » vers un compte désigné par le soi-disant Président. Dernièrement, une association de gestion liée au monde agricole, le CDER, s’est vue délestée de 14,7 millions d’euros : le comptable berné par le faux-Président a procédé à une dizaine de virements vers la Deutsche Bank, fonds ensuite évaporés vers des comptes à Hong Kong.

Comment démasquer un usurpateur ? Toujours vérifier les sources, demander des pièces (attestations, contrats, titres de propriété…) et vérifier la véracité des documents et des informations fournis. Un bon indice : les escrocs sont pressés ; prenez votre temps et rappelez vos interlocuteurs, ils détestent ça.

 

Les traders-fous

Le phénomène est plus récent et date de la fin du XXème siècle. Mais les montants sont faramineux. Le procédé est toujours le même : un trader se trompe et dissimule ses erreurs à sa hiérarchie. C’est dans la dissimulation que réside la fraude.

Parmi les affaires notoires :

Barings. En 1995, Nick Leeson, trader de la plus vieille banque d’affaires anglaise, basé à Hong Kong, révèle un plantage à 1,2 milliard $. Prison pour Leeson. Faillite pour Barings.

Sumitomo Corp, 1996. Durant dix ans, Yasuo Hamanaka, responsable des activités “cuivre” de la maison de négoce japonaise, fait perdre 2,6 milliards $ a son employeur.

Société Générale, 2008. Le trader Jérôme Kerviel est soupçonné d’avoir dissimulé des positions excessives à sa banque. Le trou déclaré est de 4,9 milliard €. La banque frôle la faillite. Prison pour Kerviel.

 

Les pyramidaux

Les escrocs à la fraude pyramidale sont d’autant plus effrayants que leur fraude ne peut fonctionner que dans la durée. Le principe est simple : ils vous proposent un placement avec un rendement nettement supérieur au marché. Et ça marche en apparence : les premiers investisseurs font de belles affaires en étant remboursés avec l’argent des nouveaux, et ce sont eux qui se chargent de la publicité du prétendu placement miraculeux. Tout est fumeux. Un homme a donné son nom à cette arnaque : Ponzi.

Charles Ponzi. Emigré italien, il débarque à Boston en 1903 avec 2,50 $ en poche. Il expérimente son système dans la banque Zarossi à Montréal, qui pratique cette forme de dumping pour attirer de nouveaux clients. En 1919, il devient millionnaire en quelques mois en proposant un rendement de 50 % en 3 mois. Il réussit à convaincre 40 000 personnes qui placèrent 15 millions de $. Un tiers seulement fut remboursé. Ponzi passa par la case prison avant d’être expulsé vers l’Italie ou Mussolini l’enrôla dans la section financière de son gouvernement. Après de nouvelles extorsions, Ponzi fuit au Brésil et meurt ruiné dans un hôpital public.

Bernard Madoff. Même système pour Madoff, le plus gros escroc du XXème siècle. 65 milliards $ détournés par sa société, l’une des principales sociétés d’investissements américaines. D’abord maître nageur et sans diplôme, Madoff pénètre la bourse américaine et gagne la confiance d’investisseurs fortunés et de banques en leur promettant 17 % de rendement annuel. De nombreux fonds d’investissements intègrent du “Madoff” dans leurs portefeuilles. La crise financière de 2008 plante l’escroc : il est incapable de rembourser ses clients qui ont besoin de liquidités. Des milliers d’investisseurs directs et 37 000 investisseurs indirects sont touchés. Fait exceptionnel, 70 % des sommes seront recouvrées par un cabinet d’avocats payés 1 000 $ de l’heure par l’assureur exposé à une partie des investissements : de nombreux bénéficiaires des premières heures ont préféré rendre l’argent plutôt que d’être cités publiquement. 150 années de prison pour Madoff qui y est mort en 2021.

Les escroqueries à la pyramide sont pourtant facilement reconnaissables : leurs promoteurs proposent systématiquement un rendement largement supérieur au marché et ils sont les seuls à le faire. Ils utilisent aussi le principe du parrainage : c’est une personne de confiance qui vous propose le placement, lui même floué par la chaîne initiée par l’escroc.

 

Pour reconnaître une escroquerie financière, restez méfiant et fiez-vous à votre bon sens. Si l’offre n’est pas logique ou pas cohérente avec les conditions du marché, n’y allez pas.

 

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