Télétravail : et si c’était le moment de s’expatrier ?
Avec la pandémie et ses confinements, les dirigeants et les collaborateurs des sociétés ont expérimenté le télétravail et certains y ont pris goût. Quitte à travailler chez soi, autant que « chez soi » soit dans un endroit agréable à vivre. La distance ne changeant rien à l’affaire, de nombreux télétravailleurs sont partis s’installer à l’autre bout de la France et pour certains… à l’autre bout de la planète !
Le plus salé est que certains employeurs ont appris, au cours d’une enième visio-conférence, que leurs collaborateurs s’étaient fait la malle, comme Victor de la compta, parti s’installer au Portugal, où il vit désormais confortablement avec son salaire français et ses dépenses au tarif local. De fait, les frontaliers ont bien du s’adapter au fait d’avoir un employeur dans un pays et de vivre dans un autre, parfois à leur grand bénéfice (lire cet article)
La martingale : revenus français – (niveau de vie local + imposition locale)
Et quitte à voyager, autant voyager là où la martingale « revenus français – (niveau de vie local + imposition locale) » vous laisse la plus large marge. Autant voir loin et grand, comme s’expatrier en Thaïlande (lire cet article) ou à l’Ile Maurice (lire cet article).
Mais ce n’est pas sans conséquences pour le salarié comme pour l’employeur. A supposer que vous puissiez être en « 100 % télétravail » (sinon, la réunion de service du lundi matin va vous coûter cher en kérozen), votre lieu de travail détermine vos cotisations sociales, votre lieu d’imposition et même le droit du travail qui s’applique à votre contrat.
Changement d’imposition, de sécu et peut-être de droit du travail
Pour votre imposition, vos revenus seront taxés dans le pays dans lequel vous passerez plus de 183 jours par an et si vos intérêts économiques et familiaux sont dans ce pays. Attention à ne pas tomber sous le coup d’une double imposition, en France et dans le pays d’installation. Pour cela, vérifier avant le départ qu’il existe bien une convention fiscale bilatérale entre la France et ce pays, afin de ne payer vos impôts qu’une seule fois, et si possible là où c’est le plus avantageux pour vous.
Pour la sécurité sociale, le seuil est fixé à 25 % de votre temps de travail d’un pays à l’intérieur de l’union européenne. Autrement dit, Si vous êtes aux 35 heures et que vous travaillez plus d’une journée sur le sol français, c’est la sécu française – particulièrement généreuse – dont vous dépendrez. Mais si vous êtes localisé à 100 % dans un autre pays, vous devrez vous affilier à la sécurité sociale de ce pays, y cotiser et, le cas échéant, vous satisfaire de sa couverture sociale.
Quant au droit applicable à votre contrat, la situation pourrait fluctuer en fonction de votre localisation effective, même si votre contrat stipule son choix pour le droit français. Votre employeur pourrait se référer au droit de votre nouveau pays de résidence, alors même que le droit français est un des plus protecteurs pour les salariés.
Une opportunité pour les indépendants
Votre « télétravail » n’est pas sans conséquence pour votre employeur. Votre installation fixe à l’étranger représente une installation qu’il devra déclarer aux autorités locales, comme un bureau de représentation, avec le cortège de formalités et de taxes qui vont avec. Même chose pour les charges sociales : votre balade risque de lui coûter un double prélèvement : en France où vous avez signé votre contrat et dans votre nouveau pays de résidence où vous travaillez. Votre expatriation risque de ne pas lui plaire.
C’est donc principalement pour les indépendants que cette expatriation est une occasion de se pencher sur ses « 5 drapeaux » (lire cet article) : où allez-vous planter les vôtres, quand votre qualité de vie et votre niveau de vie sont nettement améliorés, et quand votre argent est mieux valorisé ? A Dubaï comme de nombreux influenceurs numériques aux gros revenus ? (lire cet article). La question mérite qu’on se la pose.
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