Le Canada est un des premier pays au monde à avoir légalisé le canabis thérapeutique. Justin Trudeau en avait fait une promesse électorale : les opportunistes n’ont pas attendu son élection, en 2015, pour anticiper une légalisation du marché finalement actée en 2018. De nombreux acteurs se sont lancés dans la production de weed. Avant même la légalisation, des sociétés s’introduisaient en bourse. Sur quoi portait leur valorisation, alors même que le marché n’existait pas encore ? Les seuls éléments tangibles étaient des terres cultivables, puis des stocks prêts à être distribués. L’exemple de Canopy Growth est frappant : l’action était cotée autour de 2 $ CDN en 2015, et pointa vers les 66 $ CDN en 2018 : la ruée vers l’or.

En 2021, changement de ton. Les trop nombreux acteurs, attirés par des perspectives de croissance hors normes, sont confrontés à une surcapacité de production. Non seulement on a déjà détruit des stocks importants pour réguler le marché, mais il y a encore des sur-stocks qui ne trouvent pas preneurs et déprécient très fortement le marché. Les consommateurs font également le constat que le canabis thérapeutique reste 33 % plus cher que celui du marché noir, marché un temps sonné, mais qui a subsisté en ajustant ses prix. Le marché légal a perdu 10 milliards $ CDN en 2020. En 2021, le cours de Canopy Growth est redescendu vers les 20 $ CDN. La société n’a jamais été rentable : elle prévoit de perdre 1,7 Milliard $ CDN en 2021, pour un CA 600 millions et elle continue de diffuser des perspectives radieuses pour 2022, 2023… Ses concurrents ne font pas mieux.

Quels enseignements tirer de l’affaire du canabis canadien ? Tous les ingrédients d’un marché hyper spéculatif ont été alignés : apparition d’acteurs avant même la légalisation du marché, fantasmes de fortunes rapides sur fonds d’activité croustillante, course de vitesse en mode « premiers arrivés, premiers servis », prévisions de marché fumeuses, etc… L’irrationnel à la place de l’analyse économique. Jacques Cartier avait fait miroiter au roi de France des richesses inouïes à l’embouchure du Saint-Laurent. L’expression « faux comme un diamant du Canada » date de cette époque lointaine.

 

Quelques gagnants, beaucoup de perdants

 

Comme toujours dans ce type de marchés spéculatifs, il y a quelques rares gagnants et une masse de perdants qui ont fait la fortune des précédents.

 

Qui sont les gagnants ?

  • les fondateurs des sociétés qui ont levé des fonds en bourse, se sont octroyés des actions gratuites et ont déjà cédé une bonne partie de ce capital aux petits actionnaires
  • les intermédiaires des marchés financiers, qui ont déjà pris leur marge.

Qui sont les perdants ?

  • les actionnaires qui ont conservé leurs titres en croyant aux mirages de fortunes à long terme, et pire encore, tous ceux qui n’acceptent pas leur perte et continueront de croire en l’eldorado, jusqu’à la faillite et la perte intégrale de leur capital.

 

Comment exploiter ce type de situation ?

 

Téléphonie mobile, accès à internet, paris en ligne… les légalisations et les ouvertures de marchés provoquent toujours ce type de spéculations très vives. Il n’y a que 2 façons de gagner de l’argent avec ce type de marchés en phase de lancement :

  • être acteur, lancer sa propre société et s’en débarrasser assez vite.
  • être actionnaire des débuts, se fixer un objectif de croissance et se débarrasser de ses actions assez vite.

 

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