Etes-vous prêt pour la grosse demande d’augmentation ?
Etes-vous prêt pour la grosse négo salariale qui va booster votre rémunération en 2022 et vos projets ? Tout le monde ne sera pas servi : autant vous préparer et mettre toutes les chances de votre côté pour empocher le jackpot. A quel moment faire votre demande ? Avec quels arguments ? Combien demander et quelle stratégie pour obtenir ce que vous souhaitez obtenir ? Le Fortuniste vous dit tout.
Le bon moment pour être augmenté, c’est maintenant
Après une année 2020 en berne, 2021 a marqué un net rebond de l’activité économique, la plus forte croissance en France depuis 1973. Si vous voulez gagner plus, c’est maintenant qu’il faut le demander.
Pourquoi est-ce le bon moment ? 4 raisons principales :
- fin 2021, début 2022 l’activité économique se porte bien
- 3 entreprises sur 4 sont touchées par la pénurie de compétences
- l’inflation est repartie à la hausse : 2,6% en base annuelle, des hausse de prix qu’il faut compenser
- mi-2022, les entreprises entreront dans la phase de remboursement du PGE : elles deviendront moins réceptives aux demandes d’augmentation.
Si vous occupez un poste pour lequel, demain matin, dix intérimaires peuvent vous remplacer au pied levé, votre marge de manoeuvre individuelle est faible. Dans cette situation, il faut jouer collectif. Déjà, dans l’hôtellerie-restauration, les organisations patronales ont proposé 10,5 % d’augmentation des rémunérations pour 2022 : du jamais vu ! Chez Leroy-Merlin, sous la pression des grèves, les salariés les moins payés ont obtenu une augmentation de 4 %. Dans tous les cas, l’augmentation de vos revenus passera certainement plus facilement par des revenus additionnels (10 idées de revenus additionnels : lire cet article).
Pour les postes qualifiés, la situation est différente : autant les cadres étaient prudents sur leur rémunération début 2021 (lire l’article), autant 2022 leur donne des perspectives nouvelles. Selon le cabinet Robert Walters, ils sont 44 % à espérer décrocher une hausse significative. Bonne nouvelle : ça fait 56 % de concurrence en moins pour ceux qui ont l’audace de s’y attaquer.
Comment obtenir une hausse de salaire importante ?
Le cabinet de recrutement Robert Half avance 6 points à respecter :
- comparer son salaire : avec ses collègues, avec le marché…
- quantifier ses réalisations : faire un bilan objectif et quantifié de ses succès et de sa contribution personnelle au développement de l’entreprise
- préparer la discussion : un entretien de demande d’augmentation, ça se prépare ; timing, scenarii…
- s’entraîner : préparez les hypothèses (« non », « pas maintenant », « peut-être mais pas autant que tu le demandes », etc…)
- utiliser un langage offensif : parlez avec certitude, allez au but, évitez les conditionnels et les suppositions
- prévoir un plan B : pouvez-vous obtenir une alternative (comme un avantage en nature : lire cet article), une prime importante, ou tout simplement vous vendre au plus offrant
Vous devez parfaitement connaître votre situation
Tout ça, c’est très bien, mais concrètement, comment vous y prendre pour obtenir cette grosse augmentation et combien espérer ?
Tout d‘abord, vous devez parfaitement connaître votre situation, celle de votre employeur et celle de celui avec qui vous discuterez. La situation idéale est d’aligner :
- de bons résultats individuels
- une position difficilement remplaçable
- un marché des ressources humaines tendu, où les recrutements sont difficiles et coûteux
- une ou plusieurs démissions ont précédé votre demande
- un interlocuteur décideur
Inutile de rappeler à votre manager que, si vous donnez votre démission, vous partez dans les 2 mois, et qu’un remplacement lui coûtera plusieurs mois de salaire : il le sait. Dans cette situation, soyez cash : vous souhaitez obtenir une augmentation de x € ou de x % ; à moins, il ne serait pas cohérent pour vous de rester. Ca ne marche pas ? Activez le plan B.
Si vous ne réalisez pas toutes ces conditions, vous pouvez au minimum tenter votre chance, en misant sur vos points forts. Notez que contrairement à ce que l’on croît, l’expérience montre qu’il est plus facile d’obtenir une augmentation de la part d’une entreprise qui stagne, que d’une entreprise en forte croissance : elle ne peut pas se permettre des pertes supplémentaires, alors que celle qui va bien à confiance dans son recrutement. Autre paradoxe : s’il y a eu des démissions récentes dans votre service ou votre unité, on vous accordera plus facilement ce qui a été refusé aux démissionnaires (on ne veut pas faire la même erreur une nouvelle fois).
Ca ne marche pas ? Négociez une contrepartie : au minimum une prime, mais dans tous les cas, un engagement « à en reparler » dans un délais proche (6 mois, par exemple) : si vous êtes un élément de valeur, on ne pourra pas vous dire non indéfiniment.
Combien demander ?
Comme vous vous présentez comme un collaborateur de confiance, votre demande doit être cohérente. Vous devez pouvoir justifier une grosse demande d’augmentation (plus de 10 %) par des éléments objectifs :
- vous êtes peut-être moins bien payé que des collègues avec des situations comparables ?
- un collègue a peut-être déjà obtenu une augmentation importante : pourquoi pas vous ?
- votre valeur sur le marché est significativement plus élevée et vous en avez la preuve (et votre employeur aussi ; à défaut, vous la lui apportez) ?
- si les serveurs de restaurant obtiennent 10,5 % de hausse sans discussion, vos diplômes et votre expérience justifient au moins la même progression, non ?
Passez au-dessus des arguments sans valeur, du type « j’ai déjà augmenté untel, je ne peux pas augmenter tout le monde » ; untel, ce n’est pas votre problème, ce n’est pas lui qui paye vos factures. Ou du type : « tu as déjà été augmenté l’année dernière : ce n’est pas ton tour » ; c’est toujours le tour pour un collaborateur qui apporte des résultats « à chaque tour ». Ou encore, du type : « La boîte fait des investissements coûteux pour se développer en Asie » : très bien, que les collègues en Asie fasse leur travail, vous, vous faites le vôtre. Laissez passer ces faux arguments auxquels vous n’avez pas à répondre. Restez focus sur votre situation personnelle. Dans tous les cas, votre manager fait le même raisonnement que vous pour sa situation personnelle.
Appréciez aussi un fait que, souvent, les salariés ignorent : la plupart des demandes d’augmentations de salaires sont justifiées par des résultats passés. Ce qui intéresse votre employeur, ce sont les résultats futurs. Votre entreprise vise une progression annuelle de 10 % ? (et les entreprises comme les hauts dirigeants sont très bavards pour présenter leurs projets aux actionnaires et à la presse…) et vous pensez personnellement pouvoir progresser de 20 ou 30 % ? Votre entreprise peut compter sur vous, mais ça se paye.
C’est le bon moment pour obtenir plus de votre salaire. La fenêtre de tir n’est que de quelques mois. Combien voulez-vous : + 10 %, + 20 %, + 30 % ? Que ce soit le plan A qui fonctionne ou le plan B : la grosse augmentation vous tends les bras. A vous de jouer et maintenant.
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