Les meilleures universités américaines sont assises sur un double trésor. Non seulement, elles disposent d’un patrimoine financier colossal, issu de décennies de dons, de legs et de placements, mais de surcroît, elles disposent des meilleurs cerveaux pour faire fructifier au mieux leurs capitaux.

Comment les grandes universités US placent leurs trésors de guerre ?

Au début du XXIème siècle, un gérant de fonds américain, Mebane Faber, a révélé comment ces grandes universités plaçaient leur trésor de guerre :

  • 20 % en actions américaines
  • 20 % en actions non américaines
  • 20 % en bonds du Trésor Américain à 10 ans
  • 20 % en matières premières
  • 20 % en immobilier

Un portefeuille aussi équilibré révèle une stratégie qui vise à répartir le risque tout en profitant des cycles économiques : les actions dynamisent la performance, la répartition US – non UD divise le risque de change, les bonds sécurisent le rendement, les matières premières permettent de profiter des cycles, l’immobilier stabilise le tout.

Cette stratégie de gestion a pris le nom de « Ivy portfolio » en référence à l’Ivy League, groupe de 8 universités d’excellence du Nord-Est américain.

Résultat, voici la performance des placements de deux de ces grandes universités américaines, Yale et Harvard, comparés à l’indice S&P 500 (les 500 plus grosses sociétés US cotées), de 1985 à 2008. Sans commentaire. Les champions universitaires sur-performent la bourse à plate couture.

(source : Harvard / Yale)

Sur la dernière décennie, c’est la bourse qui enfonce l’Ivy Portfolio

On peut reproduire la répartition de l’Ivy Portfolio pour investir en bourse comme Harvard, y compris dans l’immobilier et les matières premières. Suite aux révélations de Mebane Faber, un gestionnaire de fonds américain, l’Ivy Portfolio est devenu une référence de l’investissement et les « Ivy Portfolios » se sont multipliés. Hélas, pour la période la plus récente, les résultats ne sont pas à la hauteur : il suffit de regarder ce graphique, qui compare toujours l’indice S&P 500 à un portefeuille « Ivy », pour la période 2011 à 2022 : la démonstration est sans appel, et les universités renvoyées à leurs chères études.

(source : Porfolios Lab)

Comment expliquer cette inversion de performances « avant – après » ?

Tout d’abord, il faut noter que la performance du portefeuille Ivy de notre graphique montre un + 122 % en douze ans, ce qui, compte tenu de la pandémie de 2020-2022, est loin d’être détestable. Il se trouve que trois phénomènes ont impacté les chiffres américains de la dernière décennie : les suites du double krach financier et immobilier de 2007-2008 (et le S&P 500 est à l’abri des variations de l’immobilier), l’explosion des valeurs tech qui a boosté l’indice boursier, et les très faibles rendements des emprunts d’Etat qui ont tiré vers le bas les portfolios Ivy.

Défensifs dans la croissance

Autrement dit, les portefeuilles Ivy sont plus défensifs qu’offensifs. Mais défensifs dans la croissance, et c’est ce qu’il faut retenir. Par conséquent, ils sont tout à fait adaptés à des investisseurs de long terme, en répartissant le risque et les opportunités. Contrepartie, ils sont tributaires des variations de tous les compartiments d’investissements, quitte à ne pas bénéficier du plein effet des secteurs les plus performants.

En même temps, les grandes universités américaines ont des logiques de placement de très long terme, au-delà des cycles économiques longs. Et parallèlement, ce sont elles qui « produisent » et financent directement les champions de la tech US. Elles jouent sur tous les tableaux, et gagnent tout le temps.

 

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