Si vous avez suivi des préceptes fortunistes de base (voir cet article), vous avez dégagé de l’épargne et votre premier réflexe aura été de vous tourner vers votre banquier ou votre assureur pour qu’il vous permette de faire fructifier votre capital. Et là, déception : il ne vous a proposé que des clopinettes.

La réalité est que votre banquier, ou votre assureur, ne vous proposeront jamais que des placements à très faible rendement et pour plusieurs raisons.

Si votre patrimoine n’est pas suffisant, vous ne pourrez accéder qu’à des placements communs

Il existe un métier de création de produits financiers : c’est celui d’asset manager. Les compagnies d’Asset Management (AM) conçoivent des produits financiers dont la performance peut être très alléchante : il n’est pas rare de voir leurs placements dépasser les 10 % de rendements annuels, voir nettement plus. Cependant, ces placements spécifiques et orientés (l’Asie, l’eau, les nouvelles thérapies…) peuvent être risqués et ne sont accessibles que pour des souscriptions dépassant souvent le million d’euros. N’y accèdent que des grosses fortunes. Autre solution : ces placements sont intégrés dans la composition de produits financiers « grands publics » (mixant fonds risqués et placements sans risque comme des obligations d’Etats, très stables, mais très faiblement rémunérées), ceux que vous propose votre banquier. Mais qui dit « mixage », dit « moins performant ».

Vous vous êtes défini comme un épargnant « prudent »

Au moment de vous proposer un placement, votre intermédiaire financier a l’obligation de qualifier votre goût du risque. Si comme la majorité des épargnants, vous exprimez votre aversion au risque pour votre capital, il sera cantonné à vous proposer des placements sans risque et sécurisés et donc faiblement performants. Il aura même tendance à vous encourager à rentrer dans cette catégorie prudente, car il engage sa responsabilité en cas de perte et expose son établissement à des recours d’épargnants mécontents. A vous, le contrat d’assurance-vie à 1 % de rendement par an…

Sur la bête, chaque intervenant prélève sa dîme

Plusieurs intervenants doivent vivre sur le placement que vous allez souscrire. Prenons l’exemple de l’assurance-vie, l’un des placements les plus populaires en France. Ce type de placement donne lieu à différentes commissions qui annihilent toutes chances de performance élevée :

  • les frais de versement ou droits d’entrée : chaque fois que vous versez de l’argent sur votre contrat d’assurance vie, le vendeur prélève de 1 à 5 % pour sa rémunération : vous déboursez 100, mais c’est en réalité peut-être seulement 95 qui vont travailler pour vous ;
  • des frais de gestion : le gestionnaire du contrat prélève sa rémunération : 0,5 % d’un contrat supposé rapporté 1,5 %, c’est un tiers de votre rendement qui vous échappe ;
  • des frais de gestion sous mandat : si vous confiez la gestion de votre contrat à votre interlocuteur financier, il pourra vous facturer son intervention à hauteur de quelques dixièmes de points ; si vous optez pour une rémunération « au succès », vous ne paierez rien en cas de perte, mais la commission pourra grimper à 15 % des rendements en cas de succès ;
  • des frais d’arbitrage : si votre contrat est multi-support, donc composé de « bouts » de placements différents, le gestionnaire pourra être amené à arbitrer entre ces différents placements. Intervention invisible pour vous, mais pas indolore : jusqu’à 1% des sommes arbitrées, voir des couts fixes exprimés en dizaines d’euros à chaque arbitrage ;
  • Les frais de sortie anticipée ou frais de rachat. En théorie, un contrat d’assurance-vie est proposé pour 8 ans. Les conditions générales de votre contrat prévoient peut-être qu’en cas de sortie anticipée avant les 8 ans, vous serez prélevé de 5 % la première année, puis dégressivement jusqu’à 1 %.

Autant dire qu’avec une telle kyrielle de prélèvements, la performance de votre contrat d’assurance-vie a très peu de chances de donner corps à une épargne fructueuse.

Un récent rapport commandé par la Commission des Finances du Sénat pointe l’exagération de cet empilement de commissions, voire la tromperies des épargnants sur les commission de mouvement, qualifiées de « pratiques bananières » par certains observateurs et interdites dans bon nombre de pays européens.

Ultime punition : le rabot fiscal

La fiscalité de l’assurance-vie, pour reprendre cet exemple, comporte de multiples hypothèses selon l’année de souscription du contrat, les montants versés et le fait de sortir des sommes d’argent avant les 8 années ou non.

  • selon les hypothèses, vos rendements seront rabotés par le fisc de 7,5 % à 12,8 %, voire jusqu’à 35 %, prélevés par votre intermédiaire au moment du versement des intérêts ;
  • pour tout le monde, pas de jaloux : prélèvements sociaux de 17,2 %.

 Autant dire que pour le commun des épargnants, votre intermédiaire financier, qu’il soit banquier, assureur ou gestionnaire de patrimoine, ne pourra vous proposer que des rendements infimes. Estimez-vous heureux s’il parvient à vous prémunir de l’inflation. C’est une triste mais cruelle réalité : sur votre effort d’épargne, tout le monde va se servir avant vous et il ne vous restera que des miettes.

Sur la part patrimoniale de votre épargne (voir cet article) orientez vos capitaux vers des solutions que vous ne trouverez pas forcément à l’agence du coin de la rue (voir toute une liste de solutions dans cette rubrique).

 

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