Alors qu’un peu plus tôt dans l’année, JP Morgan donnait une caution inégalée aux crypto-monnaies en projetant un cours du Bitcoin à 146 000 $ (voir article), il y a fallu le chaud et le froid soufflé par un seul homme, Elon Musk (Tesla, Space X) pour voir les cours s’envoler puis rechuter lourdement au rythme de ses tweets. De 7 000 € en septembre 2020, le Bitcoin s’est envolé au-dessus des 50 000 € en avril 2021 avant de rechuter lourdement vers les 30 000 € en mai. Ceux qui en ont acheté fin 2020 sont toujours sur des multiples très élevés, ceux qui s’y sont convertis en avril pleurent leur capital perdu, à moins de pouvoir patienter et d’espérer un retournement vers les sommets promis par JP Morgan.

La volatilité : entre la fortune et le krach

Les crypto-monnaies échappent à tout contrôle d’autorité centrale et le revendiquent. Il y aurait environ 8 000 crypto-monnaies en circulation et il s’en crée tous les jours. Les plus suivies sont Bitcoin, Ethereum, Dogecoin… Pour acheter comme pour vendre des crypto-monnaies, des plateformes de conversion font le change en prélevant des frais marginaux au regard des variations de cours. Sans contrôle, ces cyber-monnaies sont en effet très spéculatives et ultra-sensibles à la moindre information. Pour les amateurs de risques, la volatilité est une formidable opportunité de gain, mais aussi un risque majeur de perte, d’autant plus que cotées 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, les crypto-monnaies sont aussi difficilement gérables à l’échelle humaine. Bref : imprévisibles.

L’alibi écologique

Elon Musk a annoncé son volte-face sur les crypto-monnaies parce qu’il aurait découvert à quel point le minage des cyber-monnaies (le fonctionnement des serveurs informatiques qui tracent les transactions) était un délire écologique : une seule transaction nécessiterait la consommation annuelle en électricité d’un studio en France. Après avoir fait s’envoler les cours en annonçant que Tesla allait investir sa trésorerie en cryptos, puis en provoquant un krach quelques jours plus tard en annonçant que les clients ne pourraient plus payer leur Tesla en cryptos, Elon Musk, à lui seul, a engendré des mouvements financiers considérables et hors de contrôle, mais sans doute pas sans intérêt pour lui.

L’argent sale, le côté noir des crypto-monnaies

Sans transparence, les crypto-monnaies ont attiré l’argent sale. Ainsi, il a été calculé que 46 % des transactions mondiales sur la période 2009 – 2017 étaient liées à des activités illégales, soit un marché colossal de 76 Mds $ par an. Blanchiment, achat de drogues, financement du terrorisme : derrière l’angélisme d’une économie échappant au contrôle des Etats, se développe le volet financier du crime. Négocier des cryptos, c’est y participer. De là à ce que les détenteurs de cryptos-monnaies soient un jour désignés comme complices ?

Risque numéro 1 : l’interdiction

C’est sans doute le principal risque des possesseurs de crypto-monnaies : leur interdiction. Déjà, des pays comme l’Inde les ont interdites. La Chine a annoncé en faire de même pour promouvoir un cyber-Yuan de substitution, bien contrôlé celui-là.

Acheter ou tout vendre avant la fermeture ?

A l’heure des choix, les détenteurs de crypto-monnaies sont placés devant un vrai dilemme. Au delà des aspects de conscience personnelle – favoriser le crime et le terrorisme devraient interpeller les activistes des crypto-monnaies – que vont devenir ces valeurs ? Vont-elles encore monter et atteindre des sommets, tout en devenant incontournables, ou vont-elles s’effondrer, voire disparaître d’un coup, par interdiction des états ? Dans tous les cas, seule une gestion de très court terme et un très grand activisme peut laisser espérer profiter des variations de cours délirantes.

 

L’argent sale, la spéculation, les coups, les paris, le secret, une odeur de prohibition : tous les ingrédients sont réunis pour exciter les plus joueurs ou les moins scrupuleux des investisseurs.

 

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