“Nouveaux héros”, “explorateurs de la dernière liberté”, ou “patrons-voyous” pour les uns, “larbins du capitalisme” pour les autres : et vous, qu’en pensez-vous ?

Dans tous les cas, la rémunération des chefs d’entreprises intrigue, intéresse, dégoute parfois, motive aussi. Qu’en est-il vraiment, tant le vocable “chef d’entreprise” reflète une multitude de réalités bien différentes ?

Commençons par un repère : le salaire net médian des français était de 1789 € par mois en 2016 (dernière année connue), médian voulant dire que la moitié des français gagnaient plus, l’autre moitié moins.

Les plus gros salaires de chefs d’entreprise aux Etats-Unis

Les 3 chefs d’entreprise les mieux payés au monde sont américains :

Elon Musk, CEO de Tesla : 595 266 817 $, valeur des actions et stock options reçues

Tim Cook, CEO d’Apple : 133 727 869 $, dont 36 millions en salaire

Robert Swan, CEO d’Intel : 99 022 847 $, dont 14,7 millions en salaire

Comme les chiffres l’indiquent, la part des salaires dans leur rémunération est faible voire inexistante. Une étude sur les présidents (CEO) des entreprises présentes dans l’indice boursier S&P 500, représentant le cœur de l’économie américaine, a révélé que leur rémunération provient pour :

  • 50 % d’actions
  • 20 % de bonus
  • 12 % de stock options
  • 12 % de salaires
  • 2 % autres

La rémunération des dirigeants des plus grosses sociétés cotées en France

Pour les patrons des sociétés du CAC 40, elle est de 5,5 millions € en moyenne (chiffres 2018), un autre monde, avec un trio de tête :

Bernard Charlès, de Dassult Système : 24,7 millions €

François-Henri Pinault, de Kering : 16,6 millions €

Daniel Julien, de Teleperformance : 13,2 millions €

Dans les faits, la rémunération des dirigeants des grands groupes français est aussi diversifiée que celle de leurs homologues américains. Même si les proportions ne sont pas les mêmes, ils bénéficient, entre autres, avec chacun sa martingale : d’actions gratuites, de stocks options, de jetons de présence (76 000 € en moyenne, par an, pour les administrateurs des groupes du CAC 40), de rémunérations par des sociétés filiales à l’étranger, de retraites chapeaux, de parachutes dorés, de logements de fonction, de voitures de fonction avec chauffeur, de frais de représentation, de restaurants de direction, etc…

A noter que cette rémunération est votée en assemblée générale des sociétés concernées, qui valident a posteriori les rémunérations de l’exercice passé et a priori celles de l’exercice en cours. Rien ne résiste à un dirigeant qui fait prospérer son entreprise et enrichit ses actionnaires.

Un cran en dessous en terme de taille, les patrons des grosses sociétés françaises gagnent entre 223 000 € et 560 000 € (chiffres 2014)

 

Les rémunérations des entrepreneurs

Les dirigeants de sociétés françaises gagnent un revenu médian de 2 730 € par mois, à comparer aux 1 789 € pour l’ensemble des salariés. C’est mieux, mais c’est loin des fantasmes communs nourris par la rémunération des dirigeants des grandes entreprises. Et encore, c’est plutôt le salaire de 70 heures que de 35, les insomnies en prime. A noter que le salaire moyen des patrons de PME monte à 5 387 € par mois, les mieux rémunérés faisant monter la moyenne. Des compléments de rémunération peuvent faire monter la note : dividendes, voiture de fonction, plan épargne retraite…

Pour les entrepreneurs individuels, la médiane est de 2 560 € par mois.

Pour les commerçants franchisés, la rémunération nette mensuelle moyenne est de 2 825 €.

 

Micro-entrepreneurs, micro-rémunérations

La rémunération moyenne des micro-entrepreneurs est de 290 € par mois. Pas un salaire, donc, mais bien un complément de rémunération, ce qui correspond à l’esprit du statut d’auto-entrepreneur. Un quart d’entre eux gagne plus de 1 000 € par mois, quand même moins qu’un SMIC.

 

Et après la pandémie ?

Sur l’échelle des revenus, les chefs d’entreprise connaissent des réalités très variables avec, globalement, des rémunérations plus élevées que la moyenne des salariés, même si les chiffres et les conditions de leur profession sont autrement exigeantes. Tout en haut de la pyramide, comme dans le cinéma ou le football, une poignée de stars engrange en une journée ce que le commun des productifs mettent une année à gagner.

Et encore. Tous les chiffres cités datent d’avant la pandémie due à la Covid-19. Le monde d’après sera moins rose pour les chefs d’entreprise : 150 000 entreprises sont en cours de liquidation en France et bientôt, il va falloir rembourser les emprunts… Retour de bâton pour les chefs d’entreprise non salariés : ils n’ont pas droit au chômage.

Inversement, ceux qui voient le verre à moitié plein verront l’opportunité d’acquérir des sociétés entières sans en payer le prix.

 

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